Hydrogène :
« La Suisse entend jouer un rôle de premier plan dans la production d’hydrogène vert, l’un des vecteurs énergétiques les plus prometteurs en tant qu’alternative aux combustibles fossiles. C’est en effet le premier pays au monde à avoir lancé une nouvelle forme de mobilité sans émission au niveau national. » (Jorio, 2020).
« Pourquoi acheter un véhicule à hydrogène s’il n’est pas possible de faire le plein? Et pourquoi investir dans des stations de remplissage s’il n’y a pas de véhicules à alimenter ? C’est le dilemme évoqué par Thomas Fürst, directeur général d’Hydrospider, que la Suisse a réussi à résoudre grâce à une initiative du secteur privé. » (Jorio, 2020).
La mission d’Hydrospider
La mission d’Hydrospider est la production et la distribution d’hydrogène vert. Celui-ci est produit exclusivement avec des énergies renouvelables. « Avec l’hydrogène vert, Hydrospider favorise la décarbonisation du trafic lourd. L’hydrogène vert est la clé d’une transformation significative et efficace des combustibles fossiles vers une mobilité électrique à pile à combustible sans émissions. » (Hydrospider, s. d. b).
Site de production de Gösgen (Soleure)
La centrale électrique de Gösgen a été construite en 1917, puis a été entièrement rénovée entre 1997 et 2000. Elle produit désormais 12% d’électricité en plus avec la même quantité d’eau.
« À la centrale au fil de l’eau d’Alpiq à Gösgen, Hydrospider a mis en service sa première usine de production d’hydrogène vert au premier semestre 2020. Avec une puissance de 2 MW, c’est la plus grande usine de Suisse pour la production d’hydrogène vert à usage commercial dans un trafic lourd sans émissions.
L’usine de Gösgen peut produire jusqu’à 300 tonnes d’hydrogène vert par an et assurer ainsi la consommation annuelle d’environ 40 à 50 camions électriques à pile à combustible ou 1 700 voitures à pile à combustible. Dans l’usine de remplissage, 3 conteneurs interchangeables peuvent être remplis de 350 kg d’hydrogène vert par jour avant d’être acheminés vers les stations-service. » (Hydrospider, s. d. a).
« Hydrospider utilise l’électricité produite par la centrale hydroélectrique de Gösgen, pour décomposer l’eau en hydrogène et en oxygène (électrolyse). L’hydrogène sous forme gazeuse est stocké dans un conteneur spécial qui, une fois rempli, est transporté vers les stations de remplissage. « C’est le même principe que pour les bouteilles de gaz : nous livrons les conteneurs pleins et nous collectons les vides », explique Thomas Fürst. Des installations semblables au site de production de Gösgen, qui a coûté 5 millions de francs, sont également à l’étude à Saint-Gall et à Bâle. » (Jorio, 2020).
Faire le plein avec de l’hydrogène
« Des stations-service apparaissent progressivement dans différentes régions de Suisse. La première station-service publique a ouvert en 2016 à Hunzenschwil, en Argovie et la station-service de Saint-Gall a ouvert en juillet 2020. L’extension du réseau de stations-service le long d’un des principaux axes routiers du pays « marque le début d’une nouvelle ère de la mobilité en Suisse », juge Jörg Ackermann, président de Mobilité H2 Suisse, une association qui regroupe plusieurs compagnies pétrolières, dont Socar, Avia, Shell et Tamoil.
D’un coût situé entre 1 et 1.5 million de francs, une colonne à hydrogène est « déjà rentable à partir de 10 à 15 camions », explique Thomas Fürst. « Bien sûr, les voitures, les bus et les véhicules municipaux peuvent aussi y être ravitaillés en carburant. Le prix de l’hydrogène à la pompe est lié à celui du diesel. Nous voulons assurer que les coûts d’exploitation du camion à pile à combustible soient à peu près les mêmes que ceux d’un camion diesel », dit-il.
Actuellement, 1 kg d’hydrogène vert coûte entre 10 et 12 francs et permet de parcourir environ 11 km. Ce prix devrait diminuer de moitié au cours de la prochaine décennie. » (Jorio, 2020).
« L’objectif de l’association Mobilité H2 Suisse, dont les membres gèrent plus de 2 000 stations-service, est de couvrir l’entier du territoire suisse d’ici 2023. « Dans le futur, le plein des véhicules à hydrogène se fera dans les mêmes lieux, durera le même temps et offrira la même autonomie que pour les véhicules à essence, soit de 500 à 700 km », affirme Martin Osterwalder, responsable du développement commercial d’Avia. » (Jorio, 2020).
Première flotte au monde de camions à hydrogène
« Le carburant vert produit en Suisse servira d’abord à alimenter des véhicules lourds. Sur la base d’un accord avec H2 Energy, le constructeur sud-coréen Hyundai fournira 1 600 camions à hydrogène à la Suisse d’ici 2025. Ces véhicules sont équipés de piles à combustible qui génèrent de l’énergie (et de l’eau) en combinant l’hydrogène à l’oxygène.
Une fois opérationnelle, la première flotte au monde de camions commerciaux à hydrogène évitera la dispersion dans l’atmosphère d’environ 100 000 tonnes de CO2 par an. Pour Hyundai, la Suisse représente le terrain idéal pour tester les camions en conditions réelles, en vue d’une expansion en Europe et aux États-Unis. Il existe en effet en Suisse une taxe sur les camions qui est relativement onéreuse (jusqu’à 80 francs pour 100 km parcourus), ce qui favorise une transition plus rapide vers une mobilité plus durable. « Les camions à hydrogène coûtent plus que ceux au diesel. Mais étant des véhicules à propulsion électrique, ils ne sont pas soumis à la taxe sur le trafic des poids lourds. Le prix d’utilisation de ces 2 modèles est donc similaire », observe Thomas Fürst.
Les camions de Hyundai seront remis en leasing à des entreprises de logistique et de transport ainsi qu’à de grands distributeurs du pays. Ainsi, aucun investissement initial important ne sera nécessaire, souligne Thomas Fürst. » (Jorio, 2020).
Il existe un projet nommé BubbleFly, start up française rachetée par des Suisses, des Suédois et des Américains, de taxi sur l’eau à l’hydrogène.