Eau :
En Suisse, 80% de l’eau potable provient de réserves sous-terraines, dont 40% de nappes hydriques et 40% de sources. 20% de l’eau potable vient d’eaux de surfaces, soit les lacs et rivières. L’eau est partiellement privatisée. La Suisse détient 6% des ressources d’eau douce européennes.
« Avec son relief montagneux, la Suisse forme un excellent réservoir d’eau. Alimentées par la pluie, la fonte des neiges et des glaciers et les infiltrations des cours d’eau, ses réserves souterraines sont d’environ 150 milliards de mètres cubes » (Miserez, 2019). « Sur cette quantité, seulement un peu plus d’un milliard est utilisé pour répondre aux besoins en eau potable » (Jorio, 2019). Toutes les eaux ne sont cependant pas accessibles, car les points de captage entrent en concurrence avec l’urbanisation des terrains.
En effet, « même si le besoin de la Suisse en eau potable et en eau d’usage ne s’élève qu’à 7% des ressources en eau souterraine durablement utilisables, la pression liée aux différents utilisateurs est telle qu’il n’est de loin pas possible d’exploiter entièrement le potentiel restant. La qualité des aquifères situés notamment sous les agglomérations et les régions caractérisées par une exploitation agricole intensive laisse parfois à désirer et l’urbanisation croissante complique la protection des captages.
De plus, en cas de période de sécheresse, certains aquifères peuvent souffrir d’un manque d’eau, ce qui peut localement causer des pénuries. Il convient donc de gérer et de protéger les eaux souterraines afin de garantir leur disponibilité et leurs nombreuses fonctions. En ce sens, l’Office Fédéral de l’EnVironnement (OFEV) évalue pour l’ensemble du territoire l’état et l’évolution quantitatifs et qualitatifs des eaux souterraines dans le cadre de l’Observation nationale des eaux souterraines NAQUA » (OFEV, 2019).
Par ailleurs, la qualité de l’eau se dégrade. En effet, « les réserves d’eaux souterraines sont de plus en plus sujettes à la contamination, dont la plus grande partie provient de l’agriculture », montrent les résultats de l’observatoire national des eaux souterraines, publié jeudi par l’OFEV. La qualité de l’eau est compromise en particulier par les nitrates, les résidus de produits phytosanitaires, les médicaments et les micropolluants de l’industrie, de l’artisanat et des ménages, indique l’OFEV » (Jorio, 2019). « En 2014, des concentrations supérieures à la valeur limite fixée dans l’ordonnance sur la protection des eaux (OEaux) ont été relevées dans près de 15% des stations » (ATS, 2019).
Pour parer à cette pollution, l’initiative « Pour une eau potable propre et une alimentation saine – Pas de subventions pour l’utilisation de pesticides et l’utilisation d’antibiotiques à titre prophylactique » a été lancée. Les Suisses ont rejeté cette initiative par 61% des voix le 13 juin 2021.
La législation suisse protège les eaux via la Loi fédérale sur la protection des Eaux (LEaux). Celle-ci vise à « préserver la santé des êtres humains, des animaux et des plantes, garantir l’approvisionnement en eau potable et en eau d’usage industriel et promouvoir un usage ménager de l’eau, sauvegarder les biotopes naturels abritant la faune et la flore indigènes, sauvegarder les eaux piscicoles, sauvegarder les eaux en tant qu’élément du paysage, assurer l’irrigation des terres agricoles, permettre l’utilisation des eaux pour les loisirs, assurer le fonctionnement naturel du régime hydrologique » (Fedlex, 2020).
« En 2017, 300 litres d’eau ont été fournis par personne et par jour » (Jorio, 2019). Cette consommation englobe l’eau des industries. « Malgré l’augmentation démographique, la consommation d’eau potable en Suisse est en baisse constante depuis le milieu des années 1980. Cela s’explique par la diffusion de technologies économes en eau, par la limitation des pertes dans le réseau de distribution et par la délocalisation à l’étranger des installations de production de divers secteurs industriels » (Jorio, 2019).
La consommation journalière ménagère par habitant s’élevait quant à elle à 142 litres d’eau par jour et par habitant, dont 29% pour les toilettes et 25% pour les douches.
L’avenir de l’approvisionnement en eau de la Suisse va être impacté par le changement climatique. « Les quantités d’eau disponibles en Suisse d’ici 2100 vont rester stables. Par contre, la répartition des précipitations au cours de l’année va changer. Les quantités de neige et de glace stockées dans les Alpes vont diminuer fortement. En conséquence, la répartition des débits des cours d’eau va être modifiée. On s’attend à une recrudescence des événements de basses eaux et d’inondations » (CHy, 2020). En effet, les précipitations estivales devraient diminuer de 20% d’ici à 2085 alors que celles d’hiver devraient augmenter légèrement. Ceci combiné à une diminution du stockage temporaire d’eau sous forme de neige va augmenter l’irrégularité des débits. « La fréquence des crues devrait augmenter pendant le semestre d’hiver, mais aussi et surtout la fréquence et la sévérité des situations de basses eaux pendant les mois d’été dans les régions déjà sensibles comme le Valais, le Tessin et une partie du Plateau. Sur le Plateau Suisse, un nouveau régime d’écoulement va voir le jour : le régime „pluvial de transition“. Il va se caractériser par un minimum prononcé des débits en fin d’été. Étant donné la recrudescence et la normalisation d’étés caniculaires tels que 2003, ce régime sera particulièrement sujet à des événements de basses eaux » (CHy, 2020).
De plus, « la fiabilité des cours d’eau comme fournisseurs d’eau va baisser. Les événements extrêmes de basses eaux et de crues vont augmenter selon les saisons et mettre à mal certains secteurs économiques des eaux comme les producteurs d’électricité et la navigation sur le Rhin. Mais ces changements vont toucher également le reste de l’Europe : en effet, les plus grands fleuves d’Europe trouvent leur source en Suisse (Rhin, Rhône, Pô, Danube). Pourtant, comparée à d’autres régions du globe, la Suisse devrait rester relativement épargnée des conséquences néfastes du changement climatique sur la disponibilité des ressources en eau. De plus, beaucoup d’études scientifiques à ce propos existent et des moyens financiers sont à portée de main. Si une volonté politique et de la population sont au rendez-vous, rien ne devrait empêcher la prise de mesures d’adaptation anticipatives et efficaces » (CHy, 2020).
L’édition 2019 du BlueArk Challenge, un hackathon, soit un concours d’ingénierie se déroulant sur un temps restreint, ayant lieu dans le Val de Bagnes en Valais, a permis à des centaines de programmeurs et curieux de se pencher sur des problématiques liées à l’eau en Suisse et proposer des solutions innovantes à quelques problèmes rencontrés par des professionnels du milieu.