Salaire – écarts :
Différents indices permettent d’illustrer les écarts de salaires au sein de la population. En Suisse, ils se situent de façon relativement centrale par rapport aux autres pays d’Europe.
De plus, un écart salarial de genre persiste en Suisse. Bien qu’il tende à diminuer, il était encore en moyenne de 11.5% en 2018, avec des taux variant de 7.6% à 18.6% selon le domaine, le niveau hiérarchique, le taux d’occupation, l’expérience, la formation.
Distribution des salaires
Le revenu disponible équivalent est utilisé pour étudier la distribution des salaires de la population d’un pays. Il « se calcule en retirant les dépenses de transfert obligatoires (les cotisations aux assurances sociales, les impôts, les primes pour l’assurance maladie de base et les transferts réguliers à d’autres ménages, comme par exemple les pensions alimentaires) du revenu brut du ménage et en divisant le solde par la taille d’équivalence du ménage. Le recours à cet estimateur permet une meilleure comparaison des revenus de personnes vivant dans des ménages de taille différente. Les analyses sont donc effectuées au niveau des personnes, et non des ménages. Afin de tenir compte de l’avantage financier que représente le fait d’être propriétaire de son logement ou de bénéficier d’un loyer inférieur au prix du marché, un « loyer fictif » est pris en compte dans le revenu disponible équivalent. Celui-ci correspond à la valeur d’usage de ce patrimoine, après déduction des frais de logement effectivement payés » (Office fédéral de la statistique, 2020a).
Ainsi, « en 2018, 10% des personnes vivant en Suisse disposent d’un revenu disponible équivalent inférieur à 27 004 francs par an. À l’autre extrémité de la distribution, 10% des personnes vivant en Suisse disposent d’un revenu disponible équivalent supérieur à 93 087 francs par an. La médiane indique que la moitié des personnes vivant en Suisse disposent d’un revenu disponible équivalent inférieur à 49 905 francs par année » (Office fédéral de la statistique, 2020a).
En comparaison avec l’Europe, on constate que « le niveau de vie général en Suisse est l’un des plus élevés d’Europe. Il est mesuré par le revenu disponible équivalent médian, après correction des différences de niveaux de prix entre les pays. Ainsi, malgré le niveau des prix élevé en Suisse, la situation financière de la population après déduction des dépenses obligatoires est, en 2018, plus confortable que celle de nos voisins et de la plupart des autres pays de l’Union Européenne. La part du revenu disponible équivalent total détenue par les 20% les plus pauvres est faible, de façon très similaire dans toute l’Europe. Elle varie entre 4.7% et 10.4% (Suisse 8.5%). À l’opposé, les 20% les plus riches détiennent entre 31.0% et 45.8% du revenu total (Suisse 38.5%). La population se situant au-dessous de la médiane (50%) du revenu disponible équivalent, détient entre un quart et un tiers du revenu disponible équivalent total (Suisse 30.2%) » (Office fédéral de la statistique, 2020a).
Au sein d’une même entreprise, « le rapport entre les salaires les plus bas et les plus élevés dans les entreprises s’est établi 1 à 148 en 2019, contre 1 à 142 en 2018, indique l’étude sur les écarts salariaux 2020 du syndicat Unia. Celle-ci se focalise sur 37 groupes suisses, dont 33 sont cotés en Bourse. Le plus grand écart de rémunération se situe au sein de la société pharmaceutique Roche. Le salaire de son dirigeant, Severin Schwan, s’élève à plus de 15 millions de francs, soit 308 fois le salaire le plus bas de l’entreprise en Suisse. UBS suit Roche à la 2ème place avec un écart de 1 à 241 » (ATS, 2020).
Écart salarial lié au genre
« L’égalité des droits entre femmes et hommes a été inscrite dans la Constitution fédérale à la suite d’un vote populaire [le 14 juin 1981] : « L’homme et la femme ont droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale », stipule entre autres l’article constitutionnel sur l’égalité. La parité entre les sexes est formellement garantie par une loi d’application, qui interdit explicitement toute discrimination fondée sur le genre dans les rapports de travail – y compris en matière de rémunération » (Reusser, 2019).
Cependant, une différence de salaire entre hommes et femmes se distingue encore. De manière générale, cet écart se creuse en montant dans la hiérarchie : il est de 7.6% pour les personnes sans fonction de cadre et de 18.6% pour les cadres supérieurs et moyens. Tous les calculs ont été faits au prorata du taux d’occupation des postes. La plus forte tendance à travailler à mi-temps chez les femmes ne peut donc pas expliquer cet écart. Par ailleurs, les calculs se basent sur les salaires médians.
La différence salariale est, par ailleurs, plus élevée dans le secteur privé que dans le secteur public : 19.6%, respectivement 16.7%.
En prenant en compte différents paramètre tels que la formation, l’expérience, etc., 55.9% de la différence de salaire peut s’expliquer. Cela signifie qu’environ 44.1% de l’écart salarial reste inexpliqué, et appartient donc au domaine de la discrimination.
L’évolution de ces écarts va globalement dans le bon sens : en 2008, la différence moyenne était de 16.6%, tous domaines et postes confondus, alors qu’elle s’est progressivement abaissée à 11.5% en 2018. Cependant, la part de cette différence inexplicable est stable dans le temps.
Outil de calcul de salaire
La Confédération suisse propose un calculateur estimateur de salaire pour un poste en Suisse. Celui-ci prend en compte différents paramètre d’un poste de travail, tel que sa région géographique, son niveau hiérarchique, l’âge du travailleur et sa formation, etc. : https://www.gate.bfs.admin.ch/salarium/public/index.html#/start