Communautarisme :
C’est le fait de se regrouper par communautés religieuses, ethniques, culturelles ou sociales. La Suisse lutte contre le communautarisme qui est vu comme un échec d’intégration.
Voir aussi intégration, assimilation et séparatisme.
Il est cependant reconnu que pouvoir se retrouver avec d’autres personnes auxquelles s’identifier peut aider à se sentir à l’aise dans un milieu. En effet, « certaines personnes arrivant en Suisse, sans autres repères que ceux de leurs pays d’origine, ont besoin d’intégrer dans un premier temps une communauté avec qui elles partagent certaines valeurs : langue, culture, religion, origine géographique, etc. Ce point d’ancrage social est en effet leur premier pas dans le long processus d’intégration » (Andrès & Perrier, 2020).
Une crainte de communautarisme se discerne néanmoins. La question de la burqa fait notamment régulièrement débat : les votants ont accepté au niveau cantonal l’interdiction du port du voile dans le canton du Tessin en 2013, suivi du canton de St-Gall en 2018, alors que celle-ci a été rejetée au niveau du Conseil national en 2020. Cependant, le 7 mars 2021, l’initiative « oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » a été acceptée à 51.21%. Le port de la burqa n’est donc plus autorisé dans tout l’espace public suisse.
Si cette peur se cristallise aujourd’hui autour des musulmans, elle s’est par le passé exprimée envers tous les migrants. « Les Italiens, que nous côtoyons aujourd’hui comme des frères européens presque identiques à nous, semblaient inassimilables et dangereux pour notre identité à James Schwarzenbach et à ses émules » (Arsever, 2004).
Il existe des clubs de sport communautaires qui se revendiquent explicitement comme représentants d’une région ou d’un pays étranger. Il peut arriver qu’ils soient formés dans l’optique de ne recruter que des joueurs de ladite région mais qu’avec le temps l’origine des membres perde en importance. Ainsi, dans le canton de Genève, 40% des clubs sont communautaires, contre 30% dans le canton de Berne et 20% dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel. Les associations cantonales de sport de Fribourg et du Valais interdisent dans leur statuts la création de clubs communautaires. « Ces disparités [de taux de clubs communautaires] s’expliquent par deux facteurs. Tout d’abord, cela donne une idée assez précise des différentes mobilités de migrants, explique Christophe Jaccoud. Ce sociologue du sport à l’Université de Neuchâtel précise que les immigrés italiens, puis espagnols et portugais, « se sont plutôt installés dans les grands centres urbains – Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds – qui concentraient davantage d’opportunités de travail » » (Renna, 2018).
Ces clubs communautaires visent plutôt à rassembler autour du sport et à partager entre communautés qu’à s’exclure du reste de la population.
En 2004, à Fribourg, la piscine du collège Saint Michel avait décidé de réserver son accès aux femmes pendant une matinée par semaine, dans le but de permettre aux femmes musulmanes de se baigner sans le regard d’hommes. En 2020, cette pratique n’est plus d’actualité. Celle-ci avait suscité des débats. La journaliste Sylvie Arsever montre que « nos sociétés laïques ont conquis de haute lutte le droit pour leurs citoyens à une large sphère privée où ils s’organisent à leur guise selon leurs préférences alimentaires, religieuses ou sexuelles. Le monde musulman, comme une grande partie des sociétés non occidentales, a une conception opposée qui fait une place beaucoup plus congrue aux choix individuels » (Arsever, 2004).